D’où viennent les mots des fêtes : Noël, le Nouvel An et le langage de cette période de l’année
- James Batchelor

- il y a 5 heures
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La période des fêtes de fin d’année est un moment particulier pour les personnes qui apprennent une langue. On lit plus de messages, on écrit des cartes, on entend des chansons familières, et on utilise des mots qui reviennent chaque année sans vraiment y penser. Christmas, holiday, merry, New Year, mais aussi Noël, vacances, bonne année.
Dans mes cours, c’est aussi à ce moment-là que surgissent certaines des questions les plus intéressantes. Pourquoi dit-on Merry Christmas mais Happy New Year ? Pourquoi holiday ne correspond-il pas exactement à vacances ? Et pourquoi certains mots liés aux fêtes semblent exister partout, alors que d’autres restent très culturels ?
En travaillant avec des apprenants d’anglais et des apprenants de français à Vincennes, j’ai remarqué que cette période est autant linguistique que culturelle. Comprendre l’origine des mots aide souvent les apprenants à se sentir plus à l’aise et à moins craindre l’erreur.

Christmas et Noël : des racines communes, des chemins différents
Le mot Christmas vient de l’anglais ancien Cristes mæsse, qui signifie « la messe du Christ ». À l’origine, il désignait donc un événement religieux très précis. Avec le temps, son sens s’est élargi. Aujourd’hui, Christmas renvoie autant à une fête religieuse qu’à une période de l’année faite de traditions, de repas partagés et de temps passé en famille.
Pour les apprenants d’anglais, la comparaison avec Noël est souvent éclairante. Les deux mots sont liés au christianisme, mais ils ne mettent pas l’accent sur la même idée. L’anglais conserve la référence à la messe, tandis que le français s’oriente vers la notion de naissance et de renouveau.
C’est un bon rappel en classe : même lorsque les cultures partagent une histoire, les mots n’évoluent pas de manière identique.
« Holiday » et « vacances » : un piège bien connu
Peu de mots posent autant de difficultés aux apprenants d’anglais que holiday. En anglais, holiday vient de holy day, un jour religieux mis à part. Cette origine influence encore la façon dont le mot est perçu aujourd’hui : il évoque la célébration autant que le repos.
En français, vacances vient d’une idée latine de vide ou d’absence, d’une pause dans l’activité normale. C’est pourquoi traduire vacances par holidays ne fonctionne pas toujours, notamment dans un contexte professionnel ou académique.
Je constate très souvent cette confusion en formation à distance, lorsque des apprenants disent être « on holiday » alors qu’ils veulent simplement dire qu’ils sont en congé, surtout en anglais américain. Connaître l’origine du mot permet de faire un choix plus naturel, sans passer par la traduction automatique.
Pourquoi dit-on « Merry Christmas » mais « Happy New Year » ?
Chaque mois de décembre, la question revient. Pourquoi merry pour Noël et happy pour le Nouvel An ?
Merry est un mot ancien. Il évoquait à l’origine quelque chose de joyeux, de chaleureux, de vivant. Même s’il peut paraître un peu désuet aujourd’hui, il a survécu dans cette expression précise. Noël, dans les cultures anglophones, est fortement associé à la convivialité et à la proximité humaine.
Happy, au contraire, est plus neutre et tourné vers l’avenir. Le Nouvel An est un moment de projection, de projets, de changements. C’est pourquoi Happy New Year paraît plus naturel.
Pour les personnes qui suivent mes cours d’anglais à Vincennes, cet exemple montre bien que le choix des mots dépend autant de la culture et de l’émotion que des règles de grammaire.
Le langage du Nouvel An et l’idée de renouveau
L’expression New Year est simple, mais le vocabulaire qui l’entoure est très révélateur : resolutions, fresh start, turning the page. L’anglais insiste beaucoup sur l’idée de recommencement à ce moment précis du calendrier.
Ce rapport au temps n’est pas universel. D’autres cultures ne placent pas le renouveau au même moment, ni avec la même intensité. En prendre conscience aide les apprenants à comprendre pourquoi certaines expressions reviennent systématiquement en janvier.
Dans mes formations d’anglais avec le CPF, cette réflexion parle souvent aux adultes, déjà en phase de bilan ou de transition à cette période de l’année.
D’autres fêtes, d’autres mots
La période hivernale fait aussi entrer dans l’anglais des mots liés à d’autres célébrations : Hanukkah, Diwali, Lunar New Year. Ces termes sont généralement empruntés tels quels, sans traduction. Leur présence reflète les contacts culturels, les migrations et la visibilité de certaines communautés.
Le français adopte souvent une autre stratégie, en privilégiant l’explication ou l’adaptation. Aucune approche n’est meilleure que l’autre : elles montrent simplement des traditions linguistiques différentes.
Dans mes cours en e-learning, où les apprenants sont exposés à un anglais international, reconnaître ces emprunts permet de réduire la surprise et de mieux comprendre le monde anglophone contemporain.
Pourquoi l’étymologie aide les apprenants
Pour les personnes qui apprennent l’anglais ou le français, l’étymologie est souvent rassurante. Elle montre que les hésitations sont normales et que les mots ont une histoire, parfois complexe, plutôt qu’une logique parfaite.
Dans mes cours particuliers d’anglais, cette approche permet souvent de réduire le stress. Les apprenants cessent de demander « quel est le bon mot ? » et commencent à se demander « pourquoi ce mot est utilisé ici ? ». Le rapport à la langue devient alors plus serein et plus humain.
Une invitation de saison
Le vocabulaire des fêtes est chargé de mémoire. Il raconte des histoires de religion, de société, de migration et d’émotion. Prendre le temps d’observer ces mots à Noël et au Nouvel An transforme le quotidien en occasion d’apprentissage.
Lire une carte, écrire un message ou écouter une chanson devient alors une invitation : ralentir, observer les mots, et laisser la langue raconter son histoire.


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